Un problème de santé publique

La peep a lancé un questionnaire sur les" Toilettes à l'école" en élementaire Maintenon
courant decembre 08.

 La forte participation à cette enquête témoigne de l’intérêt que le sujet des « toilettes à l’école », réputé tabou, suscite auprès des enfants et des parents. Je ne peux que féliciter les associations de parents d’élèves de cette initiative. Les résultats ne sont malheureusement pas surprenant et attendus, ils se superposent à ceux obtenus par l’enquête nationale de 2007 diligentée par l’ONS (Observatoire National de la Sécurité et l’Accessibilité des établissements d’enseignement) où 24 781 questionnaires ont été traités sur 865 établissements (1).

Les chiffres parlent d’eux-mêmes et s’il convient de rappeler que les actions menées à l’école sur le thème de l’hygiène (alimentaire et bucco-dentaire) se sont multipliées, il n’en reste pas moins que l’état des sanitaires et leur accessibilité pose problème : manque de propreté, mauvaises odeurs, manque d’intimité, dysfonctionnement de fermeture des portes, absence de savon, de papiers, d’essuie-mains, voire d’éclairage et de chauffage. C’est un lieu peu encourageant pour celui qui souhaite se soulager, se laver les mains ou tout simplement boire de l’eau…car l’école est la seule entreprise où il faut se rendre aux toilettes pour boire.

Les conséquences en terme de santé sont bien connus : constipation et maux de ventre surtout chez le garçon, infections urinaires surtout chez la fille, fuites urinaires et énurésie tant chez le garçon que chez la fille, sans parler du retentissement psychologique et sur les performances scolaires d’un enfant « qui se retient » ou « qui n’a pas pu se retenir ». Sachez qu’environ 20% des consultations aux Urgences Pédiatriques de l’Hôpital Louis-Mourier sont en rapport avec des problèmes de constipation et d’infections urinaires. L’hygiène mictionnelle (bien faire pipi) telle que nous la conseillons est incompatible avec les exigences scolaires et l’état des sanitaires (2). Il suffit d’écouter les parents qui nous disent que l’enfant court aux toilettes dès qu’il rentre à la maison.

La responsabilité est certes partagée. D’abord les parents que nous sommes, premiers éducateurs en matière d’hygiène et de respect des lieux publics, devons transmettre à nos enfants les règles élémentaires d’hygiène. Ensuite les enfants qui ont le devoir de les appliquer et de respecter les lieux ainsi que l’intimité des autres enfants. Mais surtout, les municipalités pour les écoles et les départements pour les collèges, à qui incombent la mise à disposition des sanitaires, le personnel de service pour la surveillance et l’entretien des équipements. L’Education Nationale n’est pas irresponsable pour autant car sa mission est bien d’éduquer l’enfant au respect du bien public et des personnes en lui inculquant des valeurs de citoyenneté mais encore faudrait-il que l’enfant soit respecté.

Les exigences en matière d’amélioration des toilettes par les parents d’élèves sont légitimes et devraient au minimum répondre au cahier des charges (cf rapport de l’ONS). Reste à convaincre nos élus.

En attendant, demander à votre médecin traitant un certificat médical si votre enfant souffre de symptômes urinaires et digestifs variés afin qu’il soit autorisé à boire en classe et à se rendre aux toilettes dès qu’il en ressent le besoin.

Docteur Christophe PHILIPPE

Pédiatre

Consultation « énurésie et troubles mictionnels de l’enfant »

Hôpital Louis-Mourier

Colombes